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jeudi 17 janvier 2013

TOGO/INCENDIES DES MARCHÉS DE KARA ET LOMÉ : L’OPPOSITION MONTE LE TON ET EXIGE LA LIBÉRATION IMMÉDIATE DE TOUTES LES PERSONNES ARRÊTÉES DANS CETTE AFFAIRE



DECLARATION 

A qui profitent les incendies des marchés de Kara et de Lomé ? 



C’est dans un contexte sociopolitique vicié, délibérément créé et entretenu par le régime en place et caractérisé par la persistance des violations des droits et libertés des citoyens, l’impunité et le déni de justice, les coups tordus et les forfaitures à répétition des hautes institutions de l’Etat, la violation quotidienne de la Constitution et des lois, le pillage systématique des richesses nationales et la mal gouvernance, que les populations togolaises sont frappées par un nouveau sinistre à travers deux incendies qui ont dévasté les marchés de Kara et de Lomé, face à une défaillance totale des services de la protection civile.

A Kara, le feu a détruit le marché dans la nuit du 9 au 10 janvier 2013, causant d’importants dégâts matériels et semant la désolation parmi
les commerçants et leurs proches, sans que les administrations chargées de la protection civile aient pu apporter quelque secours que ce soit pour juguler l’incendie ou protéger et sauver les marchandises.

A Lomé, l’incendie s’est déclaré dans la nuit du 11 au 12 janvier 2013, soit à peine 24 heures après celui de Kara, semant la détresse et le doute dans l’esprit des populations qui constatent, une fois encore, qu’elles demeurent abandonnées à leur triste sort, les pouvoirs publics se souciant peu de leur protection face aux catastrophes.

En exprimant sa très vive compassion et son entière solidarité à toutes les personnes sinistrées, à toutes les femmes revendeuses ainsi qu’aux blessés, aussi bien à Kara qu’à Lomé, l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) fustige l’incurie notoire des pouvoirs publics, prompts à passer à tabac les responsables et les militants des partis d’opposition et à commettre des exactions de tout genre sur les paisibles populations. L’ANC dénonce toutes les manœuvres en cours tendant à désigner un bouc émissaire pour masquer cette incurie.
A cet égard, les populations togolaises s’interrogent, à juste titre, sur l’impunité totale dont bénéficient les miliciens et pyromanes au service du RPT et qui, dans un passé récent, ont mis le feu, notamment, au CENETI, à l’ancien siège de l’Assemblée Nationale, à l’Institut Goethe et au centre informatique de la coalition de l’opposition, à la présidentielle de 2005.
Au demeurant, comment comprendre l’intervention des sapeurs pompiers de Lomé qui arrivent sur les lieux du sinistre avec un retard injustifiable et inacceptable avant de constater qu’ils n’avaient pas les moyens de combattre l’incendie ?

Comment expliquer les tracasseries administratives et autres entraves infligées aux pompiers ghanéens qui, bien que sollicités par les autorités togolaises elles-mêmes, ont dû passer des heures à la frontière d’Aflao, avant d’arriver sur les lieux du sinistre et d’intervenir en appui à leur collègues togolais défaillants ?

Que cachent les propos lénifiants des autorités municipales de Lomé et de la régie des marchés qui, le vendredi 11 janvier 2013, au journal de 20h00 sur TVT, soit 24 heures après l’incendie du marché de Kara, vantaient la fiabilité du dispositif sécuritaire mis en place dans les marchés du pays, et singulièrement dans les marchés de la capitale ?

Pourquoi les agents du poste de gendarmerie de l’entrée sud du Grand Marché se sont contentés de faire savoir qu’ils n’étaient pas des pompiers, lorsque les premières alertes d’incendie furent portées à leur connaissance ?

Il apparaît clairement que s’ils avaient été spontanément animés de la volonté de juguler rapidement l’incendie qui a ravagé le grand marché de Lomé, les pouvoirs publics togolais se seraient pris autrement. Laisser emporter par le feu, faute de prévention et de protection, deux importants marchés qui représentent le cœur de l’économie nationale et qui font vivre des milliers de familles, est tout simplement criminel.

L’ANC invite donc le gouvernement, notamment le ministère de la Protection Civile et celui de l’Administration Territoriale, qui croient que leur mission consiste à entraver les libertés publiques, à plutôt prendre la réelle mesure des nombreuses tragédies auxquelles les populations togolaises, précarisées, harcelées et vivant dans l’insécurité totale, sont quotidiennement exposées et à mettre fin à l’improvisation, au bricolage et à l’amateurisme dans la gestion des catastrophes qui frappent les populations. Les fonds importants, engloutis dans l’achat de grenades lacrymogènes et autre arsenal de répression et de torture, ont leur place dans la prévention et la gestion de ces catastrophes ainsi que dans la protection et la sécurité des personnes et des biens.

L’ANC demande au gouvernement de diligenter une enquête indépendante pour déterminer les vraies causes de ces incendies, situer les responsabilités quant aux défaillances des secours et interventions d’urgence, et prendre les sanctions qui s’imposent, au lieu de s’en prendre aux responsables et aux militants de l’opposition.

L’ANC exige la libération immédiate de toutes les personnes arrêtées dans cette affaire et la mise en place sans délai de dispositions appropriées pour une prise en charge psychologique durable des sinistrés ainsi que des mesures d’accompagnement leur permettant de compenser les pertes subies et de faire face aux engagements souscrits.

C’est le lieu de rendre hommage au gouvernement du pays frère du Ghana ainsi qu’aux administrations ghanéennes chargées de la sécurité et de la protection civile, pour leur sollicitude et leur disponibilité à apporter à notre pays, des secours d’urgence, comme ce fut le cas le 12 janvier dernier avec les sapeurs pompiers du district d’Aflao, comme ce fut également le cas au moment des inondations de 2008, lorsque des éléments du génie militaire de l’armée ghanéenne ont volé au secours des populations togolaises, avec du matériel approprié (hélicoptères, canoës et autres), sous le regard de leurs homologues togolais équipés comme d’habitude, de fusils d’assaut, de matraques et autres instruments de répression. 

Fait à Lomé, le 16 janvier 2013
Pour le Bureau National,
Le Président
Jean-Pierre FABRE

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