DECLARATION
A qui profitent les incendies des marchés de Kara et de
Lomé ?
C’est
dans un contexte sociopolitique vicié, délibérément créé et entretenu par le
régime en place et caractérisé par la persistance des violations des droits et
libertés des citoyens, l’impunité et le déni de justice, les coups tordus et
les forfaitures à répétition des hautes institutions de l’Etat, la violation
quotidienne de la Constitution et des lois, le pillage systématique des
richesses nationales et la mal gouvernance, que les populations togolaises sont
frappées par un nouveau sinistre à travers deux incendies qui ont dévasté les
marchés de Kara et de Lomé, face à une défaillance totale des services de la
protection civile.
A
Kara, le feu a détruit le marché dans la nuit du 9 au 10 janvier 2013, causant
d’importants dégâts matériels et semant la désolation parmi
les commerçants et
leurs proches, sans que les administrations chargées de la protection civile
aient pu apporter quelque secours que ce soit pour juguler l’incendie ou
protéger et sauver les marchandises.
A
Lomé, l’incendie s’est déclaré dans la nuit du 11 au 12 janvier 2013, soit à
peine 24 heures après celui de Kara, semant la détresse et le doute dans
l’esprit des populations qui constatent, une fois encore, qu’elles demeurent
abandonnées à leur triste sort, les pouvoirs publics se souciant peu de leur
protection face aux catastrophes.
En
exprimant sa très vive compassion et son entière solidarité à toutes les
personnes sinistrées, à toutes les femmes revendeuses ainsi qu’aux blessés,
aussi bien à Kara qu’à Lomé, l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC)
fustige l’incurie notoire des pouvoirs publics, prompts à passer à tabac les
responsables et les militants des partis d’opposition et à commettre des
exactions de tout genre sur les paisibles populations. L’ANC dénonce toutes les
manœuvres en cours tendant à désigner un bouc émissaire pour masquer cette
incurie.
A
cet égard, les populations togolaises s’interrogent, à juste titre, sur
l’impunité totale dont bénéficient les miliciens et pyromanes au service du RPT
et qui, dans un passé récent, ont mis le feu, notamment, au CENETI, à l’ancien
siège de l’Assemblée Nationale, à l’Institut Goethe et au centre informatique
de la coalition de l’opposition, à la présidentielle de 2005.
Au
demeurant, comment comprendre l’intervention des sapeurs pompiers de Lomé qui
arrivent sur les lieux du sinistre avec un retard injustifiable et inacceptable
avant de constater qu’ils n’avaient pas les moyens de combattre
l’incendie ?
Comment
expliquer les tracasseries administratives et autres entraves infligées aux
pompiers ghanéens qui, bien que sollicités par les autorités togolaises
elles-mêmes, ont dû passer des heures à la frontière d’Aflao, avant d’arriver
sur les lieux du sinistre et d’intervenir en appui à leur collègues togolais
défaillants ?
Que
cachent les propos lénifiants des autorités municipales de Lomé et de la régie
des marchés qui, le vendredi 11 janvier 2013, au journal de 20h00 sur TVT, soit
24 heures après l’incendie du marché de Kara, vantaient la fiabilité du
dispositif sécuritaire mis en place dans les marchés du pays, et singulièrement
dans les marchés de la capitale ?
Pourquoi
les agents du poste de gendarmerie de l’entrée sud du Grand Marché se sont
contentés de faire savoir qu’ils n’étaient pas des pompiers, lorsque les
premières alertes d’incendie furent portées à leur connaissance ?
Il
apparaît clairement que s’ils avaient été spontanément animés de la volonté de
juguler rapidement l’incendie qui a ravagé le grand marché de Lomé, les
pouvoirs publics togolais se seraient pris autrement. Laisser emporter par le
feu, faute de prévention et de protection, deux importants marchés qui
représentent le cœur de l’économie nationale et qui font vivre des milliers de
familles, est tout simplement criminel.
L’ANC
invite donc le gouvernement, notamment le ministère de la Protection Civile et
celui de l’Administration Territoriale, qui croient que leur mission consiste à
entraver les libertés publiques, à plutôt prendre la réelle mesure des
nombreuses tragédies auxquelles les populations togolaises, précarisées,
harcelées et vivant dans l’insécurité totale, sont quotidiennement exposées et
à mettre fin à l’improvisation, au bricolage et à l’amateurisme dans la gestion
des catastrophes qui frappent les populations. Les fonds importants, engloutis
dans l’achat de grenades lacrymogènes et autre arsenal de répression et de
torture, ont leur place dans la prévention et la gestion de ces catastrophes
ainsi que dans la protection et la sécurité des personnes et des biens.
L’ANC
demande au gouvernement de diligenter une enquête indépendante pour déterminer
les vraies causes de ces incendies, situer les responsabilités quant aux
défaillances des secours et interventions d’urgence, et prendre les sanctions
qui s’imposent, au lieu de s’en prendre aux responsables et aux militants de
l’opposition.
L’ANC
exige la libération immédiate de toutes les personnes arrêtées dans cette
affaire et la mise en place sans délai de dispositions appropriées pour une
prise en charge psychologique durable des sinistrés ainsi que des mesures
d’accompagnement leur permettant de compenser les pertes subies et de faire
face aux engagements souscrits.
C’est
le lieu de rendre hommage au gouvernement du pays frère du Ghana ainsi qu’aux
administrations ghanéennes chargées de la sécurité et de la protection civile,
pour leur sollicitude et leur disponibilité à apporter à notre pays, des
secours d’urgence, comme ce fut le cas le 12 janvier dernier avec les sapeurs
pompiers du district d’Aflao, comme ce fut également le cas au moment des
inondations de 2008, lorsque des éléments du génie militaire de l’armée
ghanéenne ont volé au secours des populations togolaises, avec du matériel
approprié (hélicoptères, canoës et autres), sous le regard de leurs homologues
togolais équipés comme d’habitude, de fusils d’assaut, de matraques et autres
instruments de répression.
Fait
à Lomé, le 16 janvier 2013
Pour
le Bureau National,
Le
Président
Jean-Pierre
FABRE
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