Pour la
deuxième fois, en moins de deux ans, le Prince de la République vient
d’ordonner jeudi, la séquestration de Pascal Akoussoulèlou Bodjona, la tête que
l’on considère désormais dans les rangs du pouvoir qu’il faut à tout prix
abattre avant les prochaines échéances électorales de 2015.
Cette fois-ci,
Pascal Bodjona est
déposé à la prison civile de Tsévié et bien gardé par les
éléments de la Force d’Intervention Rapide (FIR) qui sont venus en nombre suffisant
jeudi après-midi pour compléter les unités de la gendarmerie et de
l’administration pénitentiaire déjà massés tout autour de cette prison.
Qui dans ce
Togo, peut ordonner un tel dispositif militaire dans la garde d’un civile comme
Pascal Bodjona qui est supposé être mis en cause dans une simple affaire
d’escroquerie, donc une banale affaire de droit commun ?
Nous posons une
telle question de base pour juste éclairer la lanterne de nos lecteurs sur
l’auteur et le commanditaire réel des multiples tracasseries judiciaires dont
Pascal Bodjona fait l’objet depuis deux ans.
Cet équivoque
étant levé, venons-en aux faits.
L’ancien
Ministre de l’administration territoriale était convoqué jeudi par le juge
chargé du quatrième cabinet d’instruction pour être entendu sur le fond du
dossier d’escroquerie internationale, qui a toujours servi de cache-sexe à ses
pourfendeurs dont la détermination à le mettre sous éteignoir à n’importe quel
prix n’est plus à démontrer.
Déjà tôt le
matin, des centaines jeunes soutenant l’homme de Kouméa avaient commencé par
faire le déplacement du palais de justice de Lomé, munis de banderoles et de
pancartes dénonçant les carences de la justice togolaise.
Mais très vite,
ils seront stoppés net à l’entrée du Palais par les éléments de
l’administration pénitentiaire, déployés en nombre considérable à toutes les
entrées du palais rendant ainsi difficile sinon impossible, l’accès au palais
de justice de Lomé, un lieu par essence public, ouvert en principe à tout
citoyen, du fait que la justice est rendue au nom du peuple souverain.
Le véhicule de
Pascal Bodjona a longuement peiné avant d’accéder à l’enceinte du palais de
justice où l’attendaient le juge d’instruction ainsi que ses avocats.
A la minute et
avant l’ouverture de l’audience, les conseils de Pascal Bodjona ont simplement
déposé une requête anodine au greffe du quatrième cabinet.
La
requête fait simplement état de ce que lors de son interrogatoire de première
comparution, tenu le 04 décembre 2013, Pascal Bodjona, avait été victime de
violation de ses droits fondamentaux par le juge d’instruction. Il s’est appuyé
notamment sur les articles 92 et 119 du code de procédure pénale et 20 de la
Constitution Togolaise pour soulever ce grief.
Ce
faisant, il demandait au juge d’instruction de bien vouloir faire les
diligences nécessaires pour transmettre le dossier à la Chambre d’Accusation
afin que celle-ci statue sur le grief évident dont il venait de faire état.
En droit, cette
démarche se passe de tout commentaire. Le juge d’instruction se devait, sans
autre forme de manœuvres, de faire transmettre le dossier à la Chambre
d’Accusation. Il ne pouvait guère faire économie de cette démarche procédurale
de droit.
Mais
patatras !!! Dès réception de cette requête, le juge d’instruction, le
doyen des juges et le procureur se sont enfermés à clé dans le bureau du
quatrième cabinet pour imaginer ensemble, les subterfuges par lesquels ils
pouvaient contourner cette « flèche empoisonnée » que venaient de
leur lancer Pascal Bodjona et ses conseils.
Ils ont
compris, en bons juristes que le demandeur avait de toute évidence raison. Mais
que faire dès lors que des consignes très fermes leur avaient déjà été données
pour entendre à tout prix Pascal Bodjona sur le fond du dossier et ensuite le
mettre à nouveau sous mandat de dépôt ?
Malgré les
coups de fil qu’ils ont lancés à leurs mandants pour expliquer la difficulté
réelle à laquelle ils faisaient face, les consignes n’ont pas changé d’un iota.
C’est alors
qu’ils ont fini, après plus d’une heure de huis clos, par appeler Pascal
Bodjona et ses conseils pour ouvrir l’audience. Là, ils ont tenté en vain de
forcer le passage pour entendre le ministre Bodjona sur le fond.
Une heure et
demi après, ils observent une suspension de plus de 45 minutes pour se
concerter et concerter à nouveau le vrai plaignant tapi dans l’ombre du palais
de la Présidence. Là aussi rien.
A la reprise de
l’audience, l’on signifie à Pascal Bodjona qu’il serait déposé s’il ne cédait
pas à leur insistance de l’entendre sur le fond du dossier.
En clair, le
juge d’instruction et le procureur de la République qui agissaient au nom du
plaignant invisible, demandaient à Pascal Bodjona de renoncer à ses droits
légaux pour les aider à l’abattre au plus tôt.
Naturellement
celui-ci ne céda pas et ce qui de toute évidence devrait arriver, arriva.
Mais cela ne
devrait guère surprendre tout observateur avisé qui connait bien l’évolution de
ce dossier atypique.
En effet et
comme l’avaient déjà mentionné plusieurs journaux de la place, le principe d’un
retour de Pascal Bodjona au plus tôt en prison était déjà acquis depuis la
veille du départ du Chef de l’Etat à Washington pour le sommet USA-Afrique.
Il était
expressément demandé au garde des sceaux de faire le nécessaire pour précipiter
le retour au gnouf de l’homme de Kouméa qui a sérieusement commencé à déranger
politiquement l’appareil en place de l’Etat.
C’est ainsi que
dans la foulée, le juge d’instruction avait reçu consigne de lancer une
première convocation dès le lendemain du départ du Prince à Washington.
Cette demande
n’a pas prospéré du fait que le dossier n’était pas encore revenu auprès du
juge après la forfaiture de la Cour Suprême qui, manifestement, éprouvait
beaucoup de difficultés pour rédiger un arrêt tenable qui soutiendrait le rejet
du pourvoi de Pascal Bodjona.
Finalement,
vaille que vaille, le sulfureux juge Adoulaye Yaya, président de la chambre
judiciaire de la Cour Suprême, a fini par pondre un arrêt démentiel pour
permettre le retour express du dossier auprès du juge. Et c’est alors que ce
dernier a eu le prétexte de droit pour convoquer Pascal Bodjona et ses conseils
pour un simulacre d’interrogatoire au fond.
Voilà de façon
authentique et in-extenso comment les choses se sont passées dans ce fameux
dossier Bodjona et dont la consécration a été son nouvel embastillement
drastique à la prison civile de Tsévié.
Il est alors
dit dans les rangs du pouvoir, que Pascal Bodjona y restera jusqu’à l’élection
présidentielle de 2015, qu’il soit jugé ou non. Un écran de télévision sera mis
à sa disposition pour lui permettre de voir Faure Gnassingbé faire campagne et
remporter cette élection avant, éventuellement de recouvrer sa liberté.
Voilà jusqu’où,
la folie du pouvoir peut conduire les hommes à qui Dieu a pourtant donné le bon
sens et la raison comme instruments essentiels de combat pour la vie et qui
devraient en principe les distinguer des animaux. Qui dit mieux ?
Ainsi va la République du Prince….
Lomé le 22 août 2014
Plus de précisions sur ce dossier ici :
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