Monsieur le Président,
Dans
quelques jours, vous recevrez en visite officielle Monsieur Faure
Gnassingbé, président de la République du Togo depuis 2005, date à
laquelle il a succédé à son père au décès de celui-ci. Bien que
vous connaissiez la situation sociopolitique qui prévaut au Togo,
permettez-moi, au nom de Synergie-Togo, organisation de la société
civile togolaise basée en France, de solliciter respectueusement votre
attention sur quelques uns des aspects peu glorieux qui résultent de la
mal-gouvernance du pouvoir autoritaire qui règne sans partage sur ce
pays depuis des décennies.
En Afrique
francophone, le Togo est
l’un des pays où le peuple est pris en otage
par un clan minoritaire, avec l’appui d’une armée clanique qui tient
également la communauté internationale en otage en se portant volontaire
dans les opérations de maintien de la paix de l’ONU.
Au
Togo, les atteintes graves des droits de l’Homme ainsi que les
violations de la constitution et des lois de la République sont
récurrentes, avec une garantie totale d’impunité. Récemment encore,
suite aux incendies des marchés de Lomé et de Kara, sans aucune preuve
formelle et avant même que ne soit adressée aux autorités françaises la
demande d’assistance en vue de la mission d’expertise conduite par
Messieurs Hervé BAZIN et François DEBLASI, experts de la police
scientifique de Paris, le pouvoir togolais a lancé une chasse contre les
responsables et militants de l’opposition togolaise, arrêtant des
dizaines de personnes dont la plupart croupissent encore aujourd’hui
dans les prisons, inculpant plusieurs autres sans davantage de preuves.
Nous vous prions de trouver ci joint le rapport de la contre-enquête
diligentée par le Collectif Sauvons le Togo (C.S.T.), face aux
nombreuses irrégularités qui ont entaché l’enquête menée par une
institution judiciaire dont le manque d’indépendance est notoire, depuis
des décennies.
Un climat de terreur règne dans
tout le pays, certains médias sont arbitrairement frappés d’interdiction
d’émettre, la liberté de circulation des leaders politiques est
entravée par des inculpations fantaisistes, des mesures illégales et une
répression barbare restreignent la liberté d’action des partis
politiques et des mouvements associatifs.
Au Togo
à l’occasion de toutes les élections, des fraudes massives portées au
crédit du régime en place depuis 1967 sont régulièrement enregistrées
par les organisations internationales, notamment par l’Union européenne
qui n’a cessé de formuler des recommandations en vue de réformes
institutionnelles et constitutionnelles jamais mises en oeuvre par les
dirigeants togolais. A l’instar des forces démocratiques, les mêmes
organisations internationales n’ont eu de cesse de demander un véritable
dialogue entre le pouvoir et l’opposition afin de parvenir à un climat
sociopolitique apaisé propice à la construction du pays.
Au
moment où vous vous apprêtez à recevoir le président Faure Gnassingbé,
le peuple togolais dans sa très grande majorité attend de vous une
intervention ferme et urgente qui contribuerait à mettre résolument le
pays sur la voie du respect des droits humains, de la démocratie, du
développement et du progrès social. Ceci passe par des mesures concrètes
et immédiates d’apaisement parmi lesquelles :
- la libération des personnes actuellement détenues et la levée des inculpations à l’encontre des militants et des dirigeants de l’opposition ;
- la mise en place d’une commission d’enquête internationale, seule à même de faire émerger, de manière impartiale, la vérité sur les incendies des marchés de Kara et de Lomé et de compléter le rapport de la mission d’expertise française afin que les conclusions de cette dernière ne soient travesties ;
- la mise en oeuvre des réformes constitutionnelles et institutionnelles garantes de la démocratie, des libertés, d’une justice indépendante, de la bonne gouvernance et du respect des droits de l’Homme.
Si
par votre entremise, en dépit de la realpolitik, le Togo s’engageait
dès à présent dans cette voie, la France ne pourra que s’enorgueillir
d’avoir permis de régler définitivement un contentieux lourd d’un
demi-siècle, désamorçant ainsi le prochain conflit qui risque de frapper
l’Afrique de l’ouest.
En vous remerciant de votre aide, je vous
prie d’agréer, Monsieur le Président, l’assurance de notre très haute et
respectueuse considération.
11 novembre 2013Pour Synergie-Togo
Camille Lawson-Body, Président
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