« Voici ce
que relève le rapport du FMI sur la dette publique des pays de l’UEMOA pour
2015 et 2016 : Bénin : 37,5% et 39,5% ; Burkina Faso : 31% et 32,6% ; Côte
d’Ivoire : 34,7% et 33% ; Guinée : 48,4% et 48,4% ; Mali : 36,3% et 35,2% ;
Niger : 43,5% et 46,9% ; Sénégal : 56,8% et 57,3%. Et enfin le Togo qui se
retrouve premier en matière d’endettement dans l’espace UEMOA (61,9% et 61,1%),
sans tenir compte des 20 marchés préfinancés et non intégrés dans la dette »
« Le
mois dernier (avril 2016), le Fonds monétaire international (FMI) a finalisé un
énième rapport sur les perspectives économiques régionales en se focalisant sur
le cas de l’Afrique subsaharienne sous le thème : « Un changement de cap
s’impose ». Si le rapport a pris en compte la période 2004-2008 jusqu’en 2017,
nous avons choisi, dans le but d’être plus concret, de nous consacrer à la
situation économique du Togo de 2010 à l’horizon 2017 en nous appuyant sur les
tableaux qui mettent en relief les investissements, le solde budgétaire,
l’évolution des recettes et des dépenses publiques, la balance commerciale des
marchandises, la dette extérieure publique, l’état des réserves et la dette
publique, en rapport avec le PIB. On se demande ce qui se passerait si on
devrait, comme le recommande la dernière mission de la Banque Mondiale et du
FMI, intégrer le solde des préfinancements dans cette dette publique.
L’activité
économique en Afrique subsaharienne a nettement ralenti ; mais, comme à
l’accoutumée, la situation varie considérablement d’un pays à l’autre. La
croissance économique de la région est tombée à 3½ % en 2015, le plus bas
niveau depuis une quinzaine d’années, et devrait continuer de ralentir cette
année pour s’établir à 3%, c’est-à-dire bien en deçà des taux de 5% à 7%
enregistrés pendant la décennie écoulée, indique le rapport du FMI.
Les pays
exportateurs de pétrole, dont l’Angola et le Nigeria, restent confrontés à un
environnement économique difficile (selon les prévisions, la croissance du
groupe des pays exportateurs de pétrole devrait diminuer encore et s’établir à
2¼ % cette année alors qu’elle a atteint 6% en 2014), mais c’est aussi le
cas
des pays exportateurs de produits de base non énergétiques tels que l’Afrique
du Sud, le Ghana et la Zambie. Par ailleurs, la Guinée, le Liberia et la Sierra
Leone ne se remettent que lentement de l’épidémie d’Ébola, et plusieurs pays
d’Afrique australe et orientale, dont l’Éthiopie, le Malawi et le Zimbabwe,
pâtissent d’une grave sécheresse.
En même
temps, beaucoup d’autres pays connaissent encore une croissance vigoureuse.
Ainsi, la plupart des pays importateurs de pétrole s’en sortent généralement
mieux et affichent des taux de croissance supérieurs à 5%, voire bien plus dans
certains pays tels que la Côte d’Ivoire, le Kenya et le Sénégal. Dans presque
tous ces pays, la croissance économique s’appuie sur les investissements
d’infrastructure en cours et le dynamisme de la consommation privée. La chute
des cours du pétrole a aussi aidé ces pays, mais dans des proportions en
général moins fortes que prévues, car dans nombre d’entre eux, la baisse des
cours des autres produits de base et la dépréciation du taux de change ont en
partie contrebalancé cet avantage. Tels sont les constats du FMI.
Toutefois,
le rapport indique que « bien que ce tableau nettement plus terne pousse à se
demander si la dynamique de croissance observée récemment en Afrique
subsaharienne s’est arrêtée, nous pensons que les perspectives de croissance à
moyen terme de la région demeurent favorables. Certes, l’environnement
extérieur étant devenu beaucoup moins propice, les perspectives à court terme
d’un grand nombre de pays subsahariens restent difficiles et sont assombries
par des aléas négatifs. Mais, au-delà de ces difficultés immédiates, les
ressorts fondamentaux de la croissance qui sont à l’oeuvre dans la région depuis
une dizaine d’années — dont le plus important est la nette amélioration du
climat des affaires — n’ont en général pas disparu, et la démographie favorable
devrait jouer en leur faveur au cours des prochaines décennies ». Mais pour que
ce potentiel se réalise, un changement de cap décisif est impératif dans bien
des cas, précise le FMI.
Quid
du Togo, économiquement parlant?
Lorsqu’on se
base sur les chiffres du FMI, il ressort que de 2010 à 2012, le PIB a crû en
passant de 4,1% à 5,9%, mais depuis cette année, il a été relevé un repli en
2013, repli qui se poursuivra jusqu’en 2017. Au niveau des investissements, le
rythme des investissements va crescendo jusqu’en 2016 avant de connaître un
repli l’année suivante
Les soldes
budgétaires globaux font apparaître que sans les dons, les déficits budgétaires
sont plus prononcés et c’est grâce aux dons qu’ils sont plus atténués.
Toutefois, ils devront amorcer une légère baisse fin 2016 et maintenir cette
tendance baissière, à condition que les prévisions de dons soient à la hauteur
des réalités.
Malgré la
mise en place de l’Office togolais des recettes (OTR), les recettes publiques
tardent à amorcer le décollage tant attendu. Il suffit de voir les progressions
annuelles pour s’en rendre compte. Si en 2014, année de la mise en route de
l’OTR, l’augmentation des recettes était de 17,7%, elle est passée à 18,8% en
2015 et sera de 18,9% en 2016. L’année prochaine, le FMI prévoit une
augmentation de 19,1%. Mais à côté de cette difficulté à engranger des
recettes, l’Etat ne réduit point ses dépenses publiques. Puisque de 22,5% du
PIB en 2010, ces dépenses atteindront 27,5% en 2016 pour ensuite se situer à
27% l’année prochaine. La conséquence de l’évolution à deux vitesses entre les
recettes et les dépenses, est l’augmentation de la dette publique.
En effet, si
cette dette a été ramenée à 49,9% depuis l’atteinte du point d’achèvement de
l’initiative PPTE en 2010, contrairement aux promesses du gouvernement de la
ramener vers le bas, les chiffres montrent qu’en 2014 elle est repartie à 57,5%
et qu’en 2015, elle était de 61,9%. Et si les prévisions tablent sur une légère
baisse à 61,1% en 2016, la dette publique du Togo sera de 63,1% en 2017.
Inexorablement, le pays se rapproche dangereusement de la barre des 70% dont
tout pays doit s’éloigner.
La balance
commerciale qui est le rapport entre les exportations et les importations de
biens et services, reste déficitaire sur toute la ligne. On se demande comment
le gouvernement s’y prendra pour infléchir cette tendance. S’agissant des
réserves du Togo, on constate que depuis 2015, elles s’amenuisent en passant de
2,8% du PIB à 2,3%, laquelle tendance devrait continuer pour se situer à 2,0%
en 2017. Que faire pour retourner la situation ?
Un retour
sur la dette publique s’impose, eu égard à la dernière mission conjointe de la
Banque Mondiale et du FMI.
En effet,
cette mission dont nous avons relayé les conclusions et recommandations la
semaine dernière, indique que « Finalement, le mécanisme de préfinancement
s’analyse comme un crédit bancaire accordé à l’Etat par une ou un consortium de
banques pour financer un marché public, financement dont l’Etat s’engage seul à
assumer le remboursement, et qui est plus coûteux qu’un financement direct via
émission de titres dans un marché sous-régional ». Et d’apposer noir sur blanc
qu’« il ressort qu’en fin de compte, c’est l’Etat togolais qui reste seul
débiteur du financement. Par
conséquent, le principal restant dû des montants empruntés dans le cadre des
préfinancements doit être inclus dans l’encours de la dette publique togolaise
; ensuite, le mécanisme des préfinancements a pour effet d’augmenter la dette
publique togolaise. Faute d’informations, la mission n’a pas pu déterminer si
le mécanisme de substitution de débiteur existe dans chaque convention de
préfinancement, mais dans la liste de la BCEAO des 20 préfinancements en cours
au 1/01/2016, il est expressément mentionné « acte de substitution de débiteur
» pour 16 d’entre eux. On peut en déduire que ces 16 préfinancements utilisent
le mécanisme de novation parfaite par changement de débiteur ». Afin d’être
plus explicite, la mission affirme : «
le fait que les préfinancements représentent une dette pour l’Etat ; ils ne
sont pas des PPP, implique qu’ils doivent être assujettis à la procédure et au
code des marchés publics prévus pour les investissements sur financement public
et aux normes établies pour la contraction et gestion de la dette publique ».
Qui sait si la barre des 70% du PIB indiquée comme seuil à ne pas
atteindre, ne serait pas atteinte ? Puisqu’il ressort du travail de la mission
conjointe, que ce sont 20 marchés préfinancés qui sont en cours au 1er janvier
2016 ! Afin de nous confondre, l’idéal serait que les autorités se conforment
aux recommandations de la mission et on verra ce que donneront les vrais
chiffres.
Comparaison
n’est pas raison, mais elle y concourt. On s’est amusé à relever la dette
publique des autres pays de l’UEMOA pour 2015 et 2016, et voici ce que relève
le rapport du FMI : Bénin : 37,5% et 39,5% ; Burkina Faso : 31% et 32,6% ; Côte
d’Ivoire : 34,7% et 33% ; Guinée : 48,4% et 48,4% ; Mali : 36,3% et 35,2% ;
Niger : 43,5% et 46,9% ; Sénégal : 56,8% et 57,3%. Et enfin le Togo qui se
retrouve premier en matière d’endettement dans l’espace UEMOA (61,9% et 61,1%),
sans tenir compte des 20 marchés préfinancés et non intégrés dans la dette. Si
les autorités s’évertuent à mettre au-devant de tout le climat des affaires sur
lequel se base Doing Business pour crier la performance du pays, il serait plus
intéressant que les citoyens en apprennent davantage que les dettes que
l’équipe actuelle aux affaires contracte sur le dos des générations futures.
Mais ça, on ne veut surtout pas en parler. Notre tort à LIBERTE, c’est de dire
tout haut les vérités que les autorités murmurent tout bas. Bon à débattre.
Godson K.
LIBERTE N°2194 du Mardi 17 Mai 2016
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