CAP
2015
ANC –
CDPA – PSR – SANTE DU PEUPLE – UDS/Togo
COMMUNIQUÉ
L’analyse
par reconnaissance faciale confirme la corruption intentionnelle du fichier
électoral togolais
Suite à l’analyse préliminaire du fichier
électoral de 2013 présenté le 3 mars 2015, les experts de CAP2015 ont
poursuivi leurs travaux d’audit dudit fichier en utilisant des techniques
avancées en matière de reconnaissance faciale. Le taux de doublons détectés sur
base de cette reconnaissance faciale varie entre 5 et 10 % des échantillons
sélectionnés. Cette analyse confirme les résultats de la première étude et
démontre l’ampleur de la corruption intentionnelle du fichier électoral
togolais avec la complicité des responsables des centres d’enrôlement, et de
ZETES la société responsable de la fourniture des systèmes d’enrôlement et de
la consolidation du fichier électoral.
Conformément à l’article 60 du Code
électoral qui stipule
que « les partis politiques légalement constitués ont
droit d’accès au fichier », après plusieurs demandes restées sans suite,
l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) a obtenu le 21 janvier 2015, le
fichier définitif des dernières élections législatives 2013. Sur le fichier global,
qui se présentait sous la forme de 7 431 documents en format PDF pour une
taille totale de 48,94 Gigabits, une première série d’analyses préliminaires,
dont les résultats ont été présentés à la presse le 3 Mars 2015, avait permis
d’identifier de graves anomalies, en particulier la présence de doublons
d’électeurs (3 321 sur un échantillon de 57 457 électeurs) et de duplicata de
numéros de cartes (29 775 doublons), et l’inconsistance du nombre et
de la répartition des électeurs par rapport aux chiffres proclamés lors des
élections législatives de 2013.
Alors que la première analyse se basait sur une
étude alphanumérique, en particulier la recherche d’homonymes parfaits
(personnes ayant les mêmes noms) et l’unicité des numéros de carte, une seconde
phase de l’audit du fichier a été lancée en utilisant des techniques avancées
de reconnaissance faciale. Des documents PDF fournis par la CENI, les experts
de CAP2015 ont procédé à l’extraction des photos sur des échantillons
d’électeurs prélevés dans la région de la Kara et la région des p-Plateaux. Ces
photos ont été ensuite soumises à des algorithmes de reconnaissance d’images et
de comparaison des traits du visage. Cette analyse a permis de détecter des
doublons supplémentaires, confirmant ainsi la gravité de la corruption
volontaire du fichier électoral togolais.
L’analyse des cas de doublons détectés se décline
comme suit :
- Des inscriptions multiples volontaires de l’électeur : plusieurs cartes sont
établies à différents moments dans le même centre à la même personne portant
des habits différents.
- Des inscriptions multiples volontaires en parfaite connaissance de
l’opérateur : plusieurs cartes sont établies à la même personne portant
des noms différents, parfois de sexe différent dans le même centre
d’enrôlement, les cartes portant des numéros qui se succèdent.
- Des inscriptions multiples volontaires faites à un niveau central : plusieurs
cartes sont établies à la même personne avec des noms différents, parfois de
sexe différent, dans des centres d’enrôlement différents mais les cartes
portent des numéros qui se succèdent.
Il s’agit donc d’une opération de corruption
organisée à grande échelle qui implique aussi bien des électeurs que les
responsables des opérations d’enrôlements. On peut même affirmer que certains
cas sont organisés par les opérateurs à l’insu des électeurs dans le seul but
de gonfler le fichier électoral de certaines zones afin de constituer un
réservoir de voix fictives pour manipuler les résultats des élections en faveur
du pouvoir.
Le taux global de doublons détectés par
reconnaissance faciale varie entre 5 et 10 pour cent des échantillons en
fonction du paramétrage des algorithmes utilisés. En effet, les algorithmes de
reconnaissance faciale ont la particularité d’être très sensibles à différents
paramètres qui conditionnent la fiabilité de la détection. Lorsque les
paramètres sont stricts, le processus de détection prend beaucoup de temps
(plusieurs jours), le nombre de doublons est petit mais la fiabilité est
certaine. Lorsque les paramètres sont moins stricts, le processus de détection
prend moins de temps, le nombre de cas détectés est plus grand mais il peut y
avoir des faux doublons à cause de la similitude des traits de caractères entre
des individus différents.
Outre la détection de doublons, les algorithmes
de reconnaissance faciale permettent l’estimation de l’âge par analyse de
traits caractéristiques du vieillissement d’une personne. Le traitement des
images extraites du fichier électoral a révélé plusieurs cas de mineurs avec
une certitude d’au moins 60%. Le centre d’enrôlement de KOUAMPANTE-OGARO dans
la région des savanes présente en l’espèce un grand nombre de mineurs enrôlés,
soit environ 3% des électeurs enregistrés.
Les résultats de la reconnaissance faciale
démontrent, une fois de plus, la corruption du fichier électoral et confirme
les chiffres des organisations qui l’estiment à environ 30% du corps électoral.
L’accès à la base de données de la CENI permettrait aussi de faire une
comparaison des empreintes digitales, si besoin est, pour confirmer ces
observations. L’analyse biométrique (la détection de doublons par comparaison
des faciès ou des empreintes digitales et l’évaluation de l’âge) est un
processus long et fastidieux qui nécessite des cycles d’apprentissage
automatique par la machine et de validation manuelle par des experts en
intelligence artificielle. L’exercice mené par les experts de CAP2015 ne vise
donc pas à faire un audit exhaustif mais à prouver la corruption intentionnelle
du fichier électoral togolais en procédant par échantillonnage.
Fort de ces résultats, CAP 2015 dénonce et
condamne la complicité de la société ZETES, prestataire de service pour
l’enrôlement et la consolidation du fichier électoral, car son système de
dé-doublonnage présente de sérieuses failles qui ne peuvent être qualifiées de
bug. CAP2015 soutient la plainte déposée à Bruxelles par son candidat
Jean-Pierre Fabre afin qu’une justice indépendante puisse sanctionner cette
complicité de fraude informatique et usage de faux.
CAP2015 se félicite de la réponse positive
de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) à son appel. CAP2015
exhorte les experts de l’OIF à prendre le temps nécessaire pour effectuer en
toute transparence une vraie mission d’audit approfondie et à ne pas cacher au
peuple togolais et à la communauté internationale l’ampleur des anomalies
découvertes lors de leurs vérifications approfondies.
Fait à Lomé le 2 Avril 2015« Les experts » de CAP2015
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